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Positions de l’APPEP

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L’APPEP se reconnaît dans le double objectif défini par l’actuel programme des classes terminales : « L’enseignement de la philosophie en classes terminales a pour objectif de favoriser l’accès de chaque élève à l’exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. Ces deux finalités sont substantiellement unies. »

Elle considère que le principe de laïcité et l’exigence de liberté pédagogique sont les conditions de la réalisation de ces deux objectifs.

Elle est attachée à un programme de notions choisies parmi les plus communes, qui sont à la fois ordinaires et universelles, font écho à l’expérience familière de tout homme et renvoient à des usages véhiculés par la langue. Ainsi, elles ne sont pas des thèmes arbitrairement choisis, ni des concepts déterminés par l’histoire de la philosophie. Elles donnent l’occasion de réfléchir sa propre expérience et de clarifier ses représentations spontanées. Elles sont la garantie d’un programme qui ne suppose aucune orientation doctrinale et qui fait droit au pluralisme constitutif de l’enseignement de la philosophie.

Pour que le cours ne soit pas un simple survol de ces notions les plus communes, mais soit l’occasion, pour les élèves, de se les approprier et de les conceptualiser, l’APPEP demande la réduction de leur nombre.

Elle souhaite que les notions ressortissant traditionnellement à la métaphysique ne soient pas écartées du programme. D’une part, les questions qu’elles permettent de soulever relèvent autant que d’autres de la rationalité philosophique. D’autre part, elles intéressent les élèves, et on doit considérer comme un impératif qu’elles ne soient pas laissées au hasard des opinions et des émotions, mais examinées d’un point de vue rationnel et critique.

 

Les repères de l’actuel programme ont une vertu opératoire pour l’étude des notions et le traitement, par les candidats, des sujets proposés au baccalauréat.

La constitution d’une culture philosophique initiale passe par l’étude des auteurs de la tradition, dont la lecture favorise le décentrement d’avec soi et, par conséquent, le jugement critique. Dans les classes de la voie générale, l’APPEP demande donc que figure au programme le principe de l’étude suivie d’au moins une œuvre, en entier ou par extraits, articulée à l’étude des notions.

Elle souhaite que les professeurs choisissent librement un thème d’étude qui permette d’articuler les notions du programme à partir d’une perspective qu’ils jugent intéressante et utile aux élèves. Ce thème fera l’objet de l’interrogation du second groupe d’épreuves du baccalauréat.

L’APPEP est fermement attachée à l’examen anonyme et national du baccalauréat, premier grade de l’enseignement supérieur. Elle exige que la philosophie continue d’être une épreuve terminale de l’examen pour tous les candidats.

L’APPEP s’inquiète du projet d’extension du contrôle continu, qui, s’il était adopté, désorganiserait le travail dans les lycées, conduirait à des pressions des familles et des chefs d’établissement sur les professeurs, soumettrait les élèves à une évaluation permanente, incompatible avec la sérénité que l’enseignement exige et ferait dépendre la valeur du diplôme de la réputation de l’établissement.

L’écrit

L’APPEP est attachée à la dissertation et l’explication de texte.

La réflexion à laquelle la dissertation fait appel ne consiste pas à construire dans l’introduction un problème qui serait déjà compris dans tous ses aspects et que le développement ultérieur n’aurait plus qu’à instruire de manière presque mécanique. La dissertation apprend aux élèves à ordonner leur pensée, à instaurer un rapport critique aux opinions spontanées et, par la définition et la conceptualisation, à clarifier ce dont ils parlent. Par l’expérimentation et la formulation progressive de difficultés précises, elle les incite à hiérarchiser les opinions et les thèses, ainsi qu’à soutenir la position qui leur semble la plus consistante. Elle permet de sortir du relativisme naïf et d’apprendre la responsabilité intellectuelle.

L’explication de texte permet aux élèves de se confronter à une pensée singulière. Elle leur apprend à être attentifs à la logique et aux détails d’un raisonnement. Elle est l’occasion d’instaurer un rapport réfléchi et, en ce sens précis, critique au texte. Sa finalité n’est donc pas de rendre compte d’un problème qui serait en surplomb par rapport au texte, et dont celui-ci ne serait qu’une illustration. C’est pourquoi l’APPEP souhaite une reformulation de l’énoncé accompagnant le texte proposé aux candidats, qui lèverait cette ambiguïté.

L’APPEP souhaite que le plus grand soin soit apporté à la confection des sujets du baccalauréat.

Les sujets de dissertation doivent être formulés de façon simple, directe et aisément compréhensible par les candidats. Ils doivent explicitement interroger au moins une notion du programme.

L’idée principale des textes proposés à l’explication doit être aisément identifiable ; ils ne doivent pas contenir d’éléments dont la compréhension suppose la connaissance de la doctrine de l’auteur.

L’oral du second groupe

Les contraintes horaires empêchent de préparer convenablement les élèves à l’exercice spécifique qu’est l’explication d’un extrait d’une œuvre complète. L’APPEP souhaite donc une redéfinition de l’épreuve orale du baccalauréat.

Elle propose que le candidat soit interrogé sur le thème d’étude travaillé pendant l’année. Ainsi, le choix et l’étude de l’œuvre suivie seront libérés des contraintes de l’oral du second groupe.

Les élèves des séries de la voie technologique ont le goût de se confronter aux choses mêmes et un intérêt spontané pour le questionnement philosophique. Cependant, alors même que cet enseignement leur est très bénéfique, y compris pour la poursuite de leurs études, ils rencontrent souvent des difficultés à discipliner leur attention et à maîtriser l’expression écrite. Il apparaît dès lors difficile d’envisager une fusion des filières générale et technologique. La très grande hétérogénéité des classes ainsi constituées poserait d’insurmontables problèmes pédagogiques.

Pour que l’enseignement de la philosophie soit réellement profitable aux élèves, l’APPEP exige qu’ils bénéficient de trois heures, dont une doit être dédoublée.

Constatant l’inadéquation de l’épreuve du baccalauréat, qui ne permet plus une évaluation satisfaisante des copies d’examen, l’APPEP est favorable à sa redéfinition. Tirant les leçons des erreurs du passé, elle considère que toute position figée, qui ignore les pratiques professionnelles effectives, et toute imposition de réforme sont également vouées à l’échec. Elle demande donc qu’une réflexion collégiale qui engage toute la profession soit organisée. Elle prendra toute sa part aux discussions qui seront alors menées.

L’APPEP est attachée à l’enseignement moral et civique, à condition qu’il prenne appui sur des savoirs disciplinaires.

Elle exige que les heures dévolues à cet enseignement soient effectivement dégagées dans tous les établissements et dans toutes les séries, tout particulièrement dans la voie technologique.

Elle demande que les professeurs de philosophie volontaires soient chargés de cet enseignement, dont le programme en classe terminale prolonge celui de philosophie.

À l’articulation du secondaire et du supérieur, la classe terminale est le lieu naturel de l’enseignement de la philosophie.

L’APPEP juge intéressantes les actuelles interventions des professeurs de philosophie en seconde et première, à la condition qu’elles soient volontaires. Mais elle demande expressément que des bilans réguliers et détaillés de ces expérimentations soient publiés.

L’APPEP demande que les professeurs de philosophie soient associés à la formation des collègues qui se chargent, dans le premier degré et au collège, des discussions à visée philosophique.

Elle souhaite un renforcement sensible de l’enseignement de la philosophie en CPGE scientifiques, en BTS et en IUT ainsi que dans toutes les filières des études universitaires.

L’APPEP souhaite l’introduction progressive et concertée d’un enseignement de la philosophie en lycée professionnel. Afin d’assurer cet enseignement, elle demande que la philosophie devienne l’une des disciplines de recrutement des professeurs de lycée professionnel dans le cadre des CPLP.

Elle veut être associée à l’élaboration du programme et à la définition des exercices adaptés aux besoins des lycéens de la voie professionnelle et à la structure du lycée professionnel.

L’APPEP rappelle que les concours de recrutement du second degré doivent rester nationaux dans le cadre de disciplines précises.

Elle s’oppose au recrutement local des professeurs.

Elle est attachée à une formation disciplinaire de haut niveau.

Elle considère que la philosophie doit occuper une place significative et plus importante qu’aujourd’hui dans la formation des professeurs du premier et du second degrés, et des CPE.

Elle demande que le service des stagiaires soit limité à huit heures et qu’ils bénéficient d’une formation disciplinaire consistante, principalement assurée par des professeurs qui conservent une charge d’enseignement au lycée.

Elle souhaite qu’une formation continue substantielle dans la discipline soit garantie à tous les professeurs de philosophie dans toutes les académies.

L’APPEP s’inquiète du recours croissant aux professeurs contractuels. Elle demande que leur soient assurées des conditions de travail qui ne fassent pas obstacle aux missions qui leur sont confiées ; qu’ils bénéficient à leurs débuts du soutien d’un tuteur et d’une formation ; qu’ils aient un droit plein à la formation ; que la possibilité de passer un concours spécifique, qui reconnaisse leur expérience, leur soit garantie ; que des possibilités de titularisation leur soient ouvertes.

Les professeurs ont besoin de temps pour préparer leurs cours, corriger les copies de leurs élèves, mais également pour continuer à lire et se former. C’est pourquoi l’APPEP demande qu’aucun professeur n’ait plus de quatre classes.

Les élèves ont besoin d’un enseignement substantiel, qui ne soit pas une initiation superficielle à la philosophie. L’APPEP demande donc qu’aucun élève n’ait moins de quatre heures de philosophie en série générale.

L’enseignement de philosophie a également besoin de régularité et d’équilibre. Concentrer les heures de philosophie à certains moments de l’année scolaire renforcerait le bachotage. L’APPEP est donc hostile à la semestrialisation des enseignements et à l’annualisation des services.