L’enseignement philosophique, revue à comité de lecture publiée trimestriellement sous la responsabilité de l’Appep (Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public), lance un appel à contributions sur l’avenir.
La philosophie a-t-elle quelque chose à dire sur l’avenir ? D’Augustin qui en nie la consistance ontologique à Bergson qui met en garde contre « le mécanisme cinématographique de la pensée » et l’illusion rétrospective d’un avenir inscrit dans le présent, en passant par Hegel qui refusait que la philosophie commentât les actions humaines non encore effectuées, toute une tradition philosophique soucieuse de rappeler le sujet au présent de son agir incite à ne pas prendre au sérieux une réflexion sur l’avenir. N’est-ce pas, d’après Foucault, le propre des Lumières que d’avoir fait de l’actualité l’objet philosophique par excellence ?
Faut-il donc laisser l’avenir aux promesses des hommes politiques, à l’eschatologie religieuse, aux approximations de la futurologie, voire aux illuminés ? Doit-il rester l’apanage de la licence poétique et de l’imagination ?
La philosophie, dont le souci de la réalité concrète la rend rétive aux chimères, semble pourtant, à travers le paradigme de l’utopie, de Platon à Rousseau et Bentham en passant par More et Mandeville, voisiner avec elles. Par quoi nous touchons aux questions cruciales où se croisent métaphysique et philosophie de l’action. La métaphysique, et notamment la métaphysique des modalités, trouve sûrement un terrain fécond dans la question de savoir si l’avenir est réellement sans poids ontologique. Et du côté de l’action, peut-on dire que l’avenir est ce qui, dans le cours présent, échappe à notre agir ? Sur le plan phénoménologique, l’avenir ne serait-il pas en un sens un visage plus authentique du temps que ne sont le passé et le présent, qui semblent toujours avoir le monopole de la réalité ? Ne convient-il pas de prendre au sérieux une « réalité » qui est à ce point prégnante dans la vie collective et individuelle des hommes ? On sait par exemple quel puissant renouvellement la préoccupation de l’avenir a pu apporter à la réflexion éthique, du Principe espérance d’Ernst Bloch au Principe responsabilité de Hans Jonas. Entre la dénonciation d’une hubris catastrophiste, la tentation d’un « catastrophisme éclairé » (Jean-Pierre Dupuy) et un optimisme imprudent, il n’est pas facile à la rationalité philosophique de trouver son chemin.
La notion d’avenir entrecroise ainsi plusieurs dimensions : ontologique, politique, morale, anthropologique, phénoménologique, que cet appel à contributions invite à parcourir, éclairer et dénouer.
Les contributions, d’une longueur maximale de 30 000 signes espaces et notes comprises, devront être adressées au secrétariat de la revue (revue@appep.net) au plus tard le 1er novembre 2025.
Elles pourront prendre la forme d’articles, mais aussi de recensions ou de traductions présentées et commentées.