Organisées à grands frais par le ministère, des « Rencontres philosophiques » se sont tenues à Langres du 23 au 25 septembre, en présence du Ministre mais à l’insu d’une très grande majorité des professeurs.
Les objectifs affichés étaient, d’une part, de rendre la philosophie populaire, sur le modèle des journées de Blois pour l’histoire, en invitant le plus large public possible; d’autre part, de proposer aux professeurs de philosophie trois journées de formation. L’APPEP partage la volonté de rendre la philosophie populaire autant qu’elle soutient de longue date la formation continue des professeurs. Mais à Langres, les conférences proposées au public présent n’étaient accessibles qu’à des spécialistes tandis qu’était abandonné à des spectacles ou rencontres ce qui se voulait sans doute « populaire ». Un grand public pourrait lui aussi souhaiter se voir offrir une réflexion sur la vérité, thème de ces journées. Par ailleurs, un nombre très restreint de professeurs du secondaire, « en formation », désignés par l’Inspection, devait assister à des « ateliers », dans la situation d’écouter des conférences magistrales, avec la possibilité très réduite d’échanges.
L’APPEP avait déjà vivement protesté lors du colloque « Enseigner la philosophie, faire de la philosophie » de mars 2009 contre une conception qui sépare l’enseignement universitaire de l’enseignement secondaire, les chercheurs des enseignants, ceux qui ont constitué le savoir et ceux qui le transmettent. Elle déplore que les pratiques officielles n’aient pas changé.
Alors que le Ministère supprime la formation initiale et réduit le budget alloué à la formation continue, que sont sans cesse supprimés des postes et des heures, il trouve les moyens d’organiser ces journées.
L’APPEP dénonce ce qui, ainsi conçu, ressemble à une opération de communication dont la philosophie serait l’otage. S’il s’agit de rendre la philosophie populaire, les professeurs demandent à être associés à l’organisation de futures manifestations: ce sont eux qui, tous les jours, devant leurs classes, travaillent à rendre la philosophie accessible au plus grand nombre.
Paris, le 8 octobre 2011