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Fermetures en rafale de classes préparatoires : veut-on aider les formations privées  ? 

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La fermeture de plusieurs classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) a été annoncée au mois de novembre 2023. À ce jour et sans être assurée que sa liste soit complète, l’Appep a dénombré 8 fermetures de CPGE pour la rentrée 2024. Ce chiffre tout à fait inhabituel doit inquiéter. En outre, ces fermetures autoritaires et soudaines ont été décidées sans concertation avec les établissements et, pour la plupart, sans qu’une baisse des effectifs les justifie. 

On accuse régulièrement les classes préparatoires d’être réservées à une élite sociale et de coûter trop cher. Ces accusations sont des mythes. Rappelons que les classes préparatoires publiques accueillent en moyenne près de 30 % de boursiers1. Il convient de comparer le coût que représentent les études en CPGE pour la collectivité à ce qui leur fait réellement concurrence aujourd’hui. Ce ne sont pas les filières universitaires, mais les formations privées : depuis une dizaine d’années, les écoles de commerce comme les écoles d’ingénieurs ont multiplié les Bachelors et autres recrutements post-bac, offrant ainsi une voie d’accès payante aux grandes écoles et un modèle d’enseignement alternatif aux CPGE.

Au plan académique, ces diplômes privés qui grignotent chaque année un peu plus les effectifs des classes préparatoires ne présentent aucune de leurs garanties. Ils sont souvent opaques et les bacheliers peinent à voir clair dans les offres qui leur sont proposées. Une chose est sûre cependant : ces formations privées, souvent très onéreuses, sont bien plus discriminantes socialement que les CPGE. Elles ont largement contribué à la spectaculaire croissance de la dette étudiante depuis quelques années.

En fermant d’un coup plusieurs « petites » CPGE, dont certaines sont directement concurrencées par ces formations privées, la tutelle publique semble s’inscrire dans cette évolution, voire l’encourager. Or, on serait en droit d’attendre de l’État qu’il soutienne et conforte une formation exigeante et gratuite, ouverte à tous les élèves méritants, plutôt qu’il ne libéralise le marché de l’enseignement supérieur et ne favorise ainsi la sélection par l’argent.

Face à cette évolution préoccupante, l’Appep rappelle son attachement aux classes préparatoires. En maintenant un haut niveau d’exigence et en offrant un cadre aux étudiants, celles-ci leur permettent d’acquérir une rigueur et une expérience qui multiplient leurs chances de succès dans la suite de leurs études, qu’ils réussissent ou non le concours qu’ils visent. À ce jour, les CPGE publiques sont les seules à proposer un enseignement généraliste, académiquement exigeant, gratuit, et dont l’accès est conditionné aux résultats des élèves et non à des critères financiers. Ce cursus qui n’est pas directement déterminé par le marché du travail offre une largeur de vue et des méthodes pérennes, qui seront utiles aux étudiants dans tous leurs emplois futurs. Il s’agit de le préserver et le défendre, non de l’abattre.

En conséquence, l’Appep demande aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur d’annuler la fermeture des CPGE des lycées Lamartine (Hypokhâgne), Chaptal (Khâgne), Decour (ECG), Carnot (PCSI, et PC en 2025-26), Pierre-Gilles de Gennes (ATS Bio) à Paris ; des CPGE ECG du Lycée Pontus de Tiard à Châlons-sur-Saône et du Lycée François Ier au Havre, ainsi que la division par deux de la capacité d’accueil de la CPGE ECG du lycée Fauriel de Saint-Etienne, qui passerait de 48 à 24 étudiants ; et toute autre dont l’Appep n’aurait pas eu connaissance.

Plus largement, elle demande aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur de clarifier la politique qu’ils entendent mettre en œuvre pour défendre et promouvoir les classes préparatoires, singulièrement les CPGE dites « de proximité ». Si, au contraire, leur disparition partielle ou totale était envisagée à plus ou moins long terme, la moindre des choses serait de le dire ouvertement.

Lien vers la pétition contre la fermeture de deux classes préparatoires littéraires à Paris : https://chng.it/BY7VBkvMdf

  1. https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/les-boursiers-sur-criteres-sociaux-en-2022-2023-92745.