L’APPEP a pris connaissance de la nomination de Gabriel Attal à la tête du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Elle attend du nouveau ministre qu’il rompe avec l’autoritarisme et la précipitation qui ont marqué l’élaboration et la mise en œuvre des réformes du lycée et du baccalauréat.
Celles-ci ont introduit une concurrence délétère entre les spécialités qui fausse la relation pédagogique avec les élèves. Elles ont désorganisé les emplois du temps et fait disparaître la classe comme unité de l’enseignement scolaire, privant les élèves d’un cadre dont ils ont besoin, surtout s’ils sont fragiles. L’introduction significative du contrôle continu a accentué la dévalorisation du baccalauréat et signé sa disparition comme diplôme national reposant sur des épreuves terminales, nationales et anonymes. L’affectation d’un coefficient exorbitant au grand oral (GO) qui n’est pas, en l’état, une épreuve sérieuse, a contribué à ce sensible affaiblissement du baccalauréat.
Ces réformes ont soumis les élèves de Terminale à une évaluation permanente jusqu’au mois de mars, avant de les priver d’un véritable troisième trimestre, nécessaire à la préparation de leur entrée dans l’enseignement supérieur. Elles ont exposé les professeurs à la pression des familles, des élèves et de la hiérarchie.
Les réformes du lycée et du baccalauréat ont singulièrement fragilisé l’enseignement de la philosophie, privant les lycéens d’une dimension capitale de leur formation intellectuelle. Les services des professeurs se sont fragmentés, les effectifs se sont considérablement alourdis. La charge de correction qui leur incombe désormais est devenue d’autant plus insupportable que l’épreuve de philosophie a été vidée de son enjeu, la grande majorité des élèves se sachant déjà bacheliers. Le troisième trimestre a notoirement été marqué par l’absentéisme et la démobilisation.
Les très nombreuses contributions déjà adressées à l’APPEP par les professeurs de philosophie en réponse à son traditionnel questionnaire estival confirment d’ores et déjà ce constat.
L’APPEP réitère donc sa demande de remise à plat des réformes du lycée et du baccalauréat.
Elle estime nécessaire l’organisation cet automne d’une concertation au cours de laquelle seront enfin entendues et prises en compte les préoccupations des enseignants et des associations de professeurs spécialistes, dont l’expérience et l’expertise ne peuvent continuer à être ignorées.
Dans cette attente, l’APPEP demande instamment la mise en place, dès la prochaine rentrée, de dispositifs évitant de répéter le fiasco de l’année scolaire 2022-2023 et permettant d’envisager une année scolaire sereine pour les élèves et leurs professeurs.
C’est pourquoi l’APPEP exige en urgence :
1. que les épreuves de spécialité se déroulent au mois de juin ;
2. que l’épreuve de philosophie précède les épreuves de spécialité et qu’elle se tienne les premiers jours de juin ;
3. que l’épreuve de grand oral soit déplacée en fin de Première afin de rééquilibrer les deux années de cycle terminal. Cette épreuve deviendrait ainsi une épreuve terminale semblable à l’épreuve anticipée de français (EAF) ;
4. que l’équilibre des coefficients soit revu par l’affectation à la philosophie du coefficient 12 en série générale et 6 en série technologique, de façon à lui assurer la place significative qui lui revient.