Motion du Bureau de l’Appep du 11 mars 2023
L’Appep apprend avec colère que les élèves auront connaissance, dès le mois d’avril, des notes qu’ils auront obtenues à leurs épreuves de spécialité, passées en mars1. Ils pourraient ainsi savoir dès cette date qu’ils ont réussi l’examen du baccalauréat quelles que soient les notes futures aux épreuves de juin. L’épreuve de philosophie se trouve ainsi, un peu plus encore, vidée de son enjeu au regard de l’examen.
Cette possibilité ouverte aux élèves est la conséquence de la logique imposée par Parcoursup : ces notes étant un élément de sélection de leur dossier post-baccalauréat, les élèves doivent pouvoir, en cas de contestation, user de leur droit à un recours gracieux. Force est donc de constater, une fois encore, à quel point la procédure Parcoursup détruit le baccalauréat.
Le ministère ne s’est pas contenté de maintenir un calendrier absurde qui oblige les professeurs à traiter à marche forcée des programmes ambitieux et prive les élèves du temps dont ils ont besoin pour s’instruire réellement. Il a manifestement décidé de sacrifier le troisième trimestre de l’année de Terminale.
Qui peut raisonnablement croire en effet que les élèves resteront assidus jusqu’au mois de juin alors qu’ils auront calculé 82 % de la totalité de leur note finale ? La démobilisation déjà constatée après le passage des épreuves en mai 2022 risque de se transformer en absentéisme massif dès le mois d’avril. Ce seraient donc les trois derniers mois de l’année scolaire qu’il faudrait désormais reconquérir.
L’accessibilité des notes risque, de plus, d’alimenter dépit et amertume, qui affecteront les relations entre les professeurs et leurs élèves. Ceux qui, grâce à une performance meilleure que d’habitude, auront obtenu une note plus élevée que leur moyenne annuelle auront beau jeu de reprocher à leur professeur la sévérité de leur notation. Ceux qui, au contraire, auront obtenu une note plus basse pourront lui faire injustement grief de les avoir mal préparés. Quoi qu’il en soit, tout concourra à rendre impossible un travail serein : les élèves dont la réussite à l’examen sera assurée estimeront qu’ils n’ont plus à travailler, tandis que les autres auront fort à faire pour obtenir leur diplôme.
Le ministère témoigne ainsi d’une ignorance navrante de ce que les professeurs vivent au jour le jour dans leurs classes, et d’un mépris de leur travail.
L’année de Terminale n’a pas à être gouvernée par la logique de Parcoursup. Elle doit permettre, jusqu’à la fin, de préparer sereinement les élèves à l’examen du baccalauréat et à leurs études supérieures. En conséquence, l’Appep réitère sa demande constante du report des épreuves de spécialité au mois de juin.