L’Appep a pris connaissance de la nomination d’Amélie Oudéa-Castéra à la tête du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques. Celle-ci succède à Gabriel Attal, éphémère ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Compte tenu de l’importance que revêt ce ministère au regard des enjeux démocratiques et républicains, l’Appep déplore cette valse des portefeuilles ministériels. Ce ministère élargi risque, de plus, de faire passer au second plan les nécessaires actions que la nouvelle ministre devra engager pour l’École.
L’Appep attend de la nouvelle ministre qu’elle prenne acte des effets délétères induits par les réformes du lycée et du baccalauréat, sur lesquelles son prédécesseur n’a pas jugé opportun de revenir en dépit des constats alarmants des professeurs.
Le système des spécialités met les enseignements en concurrence, désorganise les emplois du temps et fait disparaître la classe comme unité d’enseignement. L’introduction du contrôle continu soumet la notation des professeurs aux pressions locales et signe la disparition du baccalauréat comme diplôme national reposant sur des épreuves terminales, nationales et anonymes. Le grand oral, épreuve au coefficient exorbitant et aux attendus flous, à laquelle aucune heure de préparation n’est dévolue, ne permet pas, en l’état, d’évaluer avec équité le travail des candidats. Le coefficient affecté à l’épreuve de philosophie dans la voie générale comme dans la voie technologique ne récompense pas à sa juste valeur le travail patient et exigeant que les élèves accomplissent en philosophie.
Forte des témoignages qu’elle recueille via le questionnaire qu’elle soumet chaque année à la profession, l’Appep constate avec inquiétude que les réformes du lycée et du baccalauréat ont singulièrement fragilisé l’enseignement de la philosophie, privant ainsi les lycéens d’une dimension capitale de leur formation intellectuelle. Ces réformes, en outre, ont plongé les professeurs de philosophie dans un état d’épuisement. Leurs services se sont fragmentés et les effectifs se sont considérablement alourdis. Entre la charge de correction, la multiplication des classes dont ils ont la responsabilité et celles des tâches administratives auxquelles ils sont astreints, les professeurs de philosophie n’ont plus de respiration pour lire et préparer leurs cours. Cette paupérisation du métier risque de détourner assez rapidement les étudiants de philosophie des concours de recrutement. L’exigence, récemment posée par le ministère, que la formation continue ait lieu en dehors des heures de cours, vient encore alourdir les contraintes auxquelles les professeurs doivent faire face.
En conséquence, l’Appep réitère sa demande de remise à plat des réformes du lycée et du baccalauréat. Indépendamment de cette demande maintes fois formulée, l’Appep exige en urgence :
1. que l’épreuve de philosophie se tienne dès les premiers jours de juin, dix jours avant les épreuves de spécialité, afin de laisser aux professeurs un délai décent pour mener à bien toutes les missions de correction qui leur seront confiées ;
2. que l’équilibre des coefficients soit revu par l’affectation à la philosophie du coefficient 12 en série générale et 6 en série technologique, de façon à assurer le poids qui convient à cette épreuve hautement significative d’un examen de fin d’études secondaires et de premier grade de l’enseignement supérieur ;
3. que l’épreuve de grand oral soit déplacée en fin de Première afin de rééquilibrer les deux années du cycle terminal. Cette épreuve deviendrait ainsi une épreuve terminale semblable à l’épreuve anticipée de français (EAF) .
Au-delà des questions relatives à l’organisation du lycée et du baccalauréat, l’Appep s’alarme de plusieurs signes d’abandon d’aspects essentiels de l’école de la République et d’autoritarisme de la part du ministère : la récente réforme du Capes menace le sérieux du recrutement ; l’éviction arbitraire de la présidente du jury du Capes externe de philosophie rend incertaines les conditions dans lesquelles ce concours se déroulera cette année ; le manque de soutien manifesté à l’égard des formations publiques du supérieur, notamment des classes préparatoires aux grandes écoles, livre celles-ci à la concurrence déloyale des formations privées, peu compatible avec l’exigence de justice et d’égalité des chances.