L’APPEP tient à exprimer sa très vive désapprobation au sujet
de la réforme du collège dont l’entrée en vigueur est prévue à la rentrée 2016.
Elle en conteste les modalités, l’esprit, ainsi que la mise en œuvre.
- Les modalités de la réforme : l’APPEP
constate que cette réforme se solde par des pertes d’heures d’enseignement
disciplinaire, au profit d’un « Accompagnement Personnalisé »
dont l’efficacité n’a nullement été prouvée au lycée, et d’« Enseignements
Pratiques Interdisciplinaires » aux contenus flous et peu
consistants, qui imposent aux professeurs des réunions préparatoires
chronophages sans aucune compensation financière. Cette réforme abandonne
aux arbitrages locaux trois heures d’enseignement en cycle 3
(sixième) et quatre heures en cycle 4 (cinquième, quatrième,
troisième). Elle prévoit la fermeture des classes bilangues et des
sections européennes. Elle prévoit également l’éclatement de l’enseignement
du latin et de grec entre un Enseignement Pratique Interdisciplinaire
« Langues et cultures de l’Antiquité » et un enseignement de
complément, dont l’ouverture dépendra des décisions locales et dont rien
ne garantira la pérennité.
- L’esprit de la réforme : l’APPEP observe que
cette réforme, qui a été conçue dans le même esprit que la réforme Chatel, cherche
à ancrer le « socle commun » et à substituer une
« pédagogie par compétences » à l’enseignement disciplinaire qui
prévalait jusque-là. Le décret relatif à l’évaluation des élèves, publié
au Journal Officiel le 3 janvier dernier, confirme cette volonté d’imposer
une évaluation par champs de compétences, de diminuer le poids de la
notation par disciplines et d’accorder une part plus importante au
contrôle continu dans l’obtention du diplôme national du brevet. Mais
cette réforme installe également, contre le principe de programmes
nationaux garants de l’égalité républicaine, un enseignement variable
selon les rapports de forces locaux.
- La mise en œuvre : l’APPEP s’étonne de la
brutalité avec laquelle cette réforme est imposée aux professeurs. Malgré
quatre journées de grève et de manifestation, malgré les résistances
légitimes que les collègues ont opposées lors des journées de
« formation à la réforme », malgré les différents communiqués
publiés par les associations de professeurs spécialistes, la ministre de l’Éducation
Nationale entend toujours imposer une réforme qui, pourtant, ne peut être
mise en œuvre sans l’adhésion des professeurs.
L’APPEP considère par ailleurs que
la réforme du collège produirait l’effet inverse de celui qu’elle
recherche : loin de garantir l’égalité des chances, cette réforme
renforcerait l’hétérogénéité scolaire et aggraverait à terme l’hétérogénéité sociale.
La concession récemment consentie par le ministère, qui consiste à
réintroduire les classes bilangues ici et non pas là, en est le signe
avant-coureur.
Le gouvernement avait fait part de
son intention d’étendre la réforme au lycée, sans avoir à ce jour tiré le bilan
des dernières réformes du lycée. L’APPEP s’opposera à toute réforme du lycée et
du baccalauréat qui prendrait modèle sur celle du collège et du diplôme
national du brevet.
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