Motion adoptée à l’unanimité par le Comité national de l’APPEP, réuni à Paris le 3 décembre 2022.
L’APPEP a été informée d’un projet de réorganisation des classes préparatoires économiques et commerciales ECG dont elle ne peut que s’alarmer et demander l’abandon.
On sait qu’une baisse considérable du nombre de candidatures dans les deux dernières années, baisse observable d’ailleurs dans certaines filières scientifiques, constitue le prétexte de cette réforme qui, à partir de considérations comptables, s’apprête à diminuer considérablement l’horaire des mathématiques, des lettres et de la philosophie (avec de fortes répercussions sur les postes actuels au sein des établissements), crée des « disciplines » au nom clinquant mais au contenu indéterminé, et laisse augurer une rupture d’égalité entre les élèves du fait de la différence forte d’offre de « modules » ou « spécialités » selon les établissements.
Cette baisse des candidatures est elle-même l’effet mécanique de la réforme Blanquer, qui a entraîné par son système de spécialités une diminution du vivier de lycéens étudiant les mathématiques en terminale, diminution qui met à présent en grande difficulté une filière notoirement exigeante dans cette matière.
Or le ministère, loin d’envisager une remise à plat très largement demandée de la réforme, préfère dissimuler la cause principale des maux et prétend y remédier en déstabilisant un peu plus des équilibres qui ont pourtant fait leurs preuves. En l’espèce, le présent projet de refonte brise l’équilibre bien connu d’une formation ajustée à l’esprit complet dont les préparationnaires auront besoin dans leurs milieux professionnels, et reposant sur quatre piliers : sciences humaines, mathématiques, langues et lettres-philosophie.
De la liste de « spécialités » ou de « modules », la philosophie est exclue. Or l’APPEP, qui a vocation à veiller à la continuité d’un enseignement de la philosophie si essentiel au développement de la réflexivité et de l’esprit critique chez les étudiants de classes préparatoires aux grandes écoles, ne peut que s’alarmer de la diminution d’un tiers de l’enseignement partagé de lettres et de philosophie, dont l’ensemble passerait de six à quatre heures hebdomadaires, ce qui changera substantiellement la nature de cet enseignement.
Notons enfin que cette méthode de la réforme en urgence se double d’une malhonnêteté : les faits présents démentent la déclaration qui a été faite par le cabinet du ministre qu’aucun projet de réforme des classes préparatoires n’était en cours.
Pour toutes ces raisons, l’APPEP demande le retrait de ce projet de réforme et soutient toutes les actions qui travailleront à la préservation des équilibres de la formation et par là aussi à la défense de la place nécessaire des lettres et de la philosophie.
Elle demande au ministère de clarifier ses positions sur les classes préparatoires. Est-il disposé à mettre en œuvre une politique volontariste pour les soutenir et les valoriser ? Est-il prêt à appuyer les efforts fournis pour ouvrir à tous un dispositif qui continue de faire la preuve de son efficacité pour la formation intellectuelle et professionnelle des jeunes dont il prend soin, plutôt que de laisser planer des menaces de fermeture ?
Elle demande plus généralement que toutes les instances concernées du ministère veillent à préserver les classes préparatoires des fragilisations d’où qu’elles viennent. Ces instances doivent notamment veiller à ce que les grandes écoles se montrent fidèles à l’esprit de leurs engagements. On ne peut accepter, par exemple, le choix qu’ont fait certaines grandes écoles de commerce de renoncer à la dissertation de philosophie obligatoire pour les candidats issus des classes préparatoires littéraires. Il faut également dénoncer l’extension déloyale du recrutement au niveau du baccalauréat, qui court-circuite le système des classes préparatoires dont les grandes écoles tirent pourtant de si grands profits.