L’APPEP se réjouit que les programmes des voies générale et technologique publiés le 25 juillet 2019 soient des programmes de notions, que ces notions ne soient plus associées sous forme de couples, que leur nombre ait été sensiblement réduit et que la liberté pédagogique et philosophique des professeurs soit réaffirmée. Les exigences fondamentales de l’enseignement de la philosophie en lycée sont en cela satisfaites.
Mais, en série générale, elle s’inquiète de l’incertitude introduite par les « perspectives ». Imposées au dernier moment et sans concertation, ces « perspectives », présentées comme importantes dans l’économie du programme, sans qu’aucune priorité pour l’étude des notions ne soit précisée, sont d’une grande confusion. Elles ne peuvent en aucune manière répondre à la demande d’ordonnancement des notions formulée par l’APPEP.
Cette ambiguïté du programme risque de peser sur le travail des professeurs, de rendre les visites d’inspection incertaines et surtout de compliquer la formation des sujets. L’APPEP ne peut donc se satisfaire des programmes publiés.
Dans la voie technologique, elle regrette l’absence de notions liées à la subjectivité et à l’éthique.
L’APPEP sera très attentive aux recommandations de l’Inspection qui accompagneront la mise en œuvre des programmes.
Les épreuves jouent un rôle structurant pour l’enseignement de la philosophie, discipline qui n’est enseignée que l’année du baccalauréat. L’APPEP est donc particulièrement attentive à leur définition.
Elle se réjouit que les programmes de philosophie confirment que « les apprentissages reposent […] sur deux formes majeures de composition : la dissertation et l’explication de texte ».
Elle déplore pourtant le projet d’introduire une dissertation sur corpus en voie générale. Ce nouvel exercice compliquerait la formation des sujets, rendrait l’évaluation difficile, et sa préparation alourdirait inutilement la tâche des professeurs et des élèves. Il entrerait en outre en contradiction avec le programme de notions, et avec la définition de la dissertation et de l’explication de texte qu’il propose.
Dans la voie technologique, elle demande que les questions de la dissertation aidée soient facultatives et dénonce le projet de réduire à deux le nombre de sujets proposés aux candidats.
L’APPEP déplore la baisse des coefficients de l’épreuve de philosophie, qui ne rend pas justice au travail des élèves. Elle en demande la réévaluation.
Pour les deux voies, elle demande que la profession soit consultée avant toute redéfinition des épreuves.
La piètre qualité de certains sujets de la session 2019 du baccalauréat a confirmé une fois encore la nécessité de veiller avec le plus grand soin à la confection des sujets.
L’APPEP demande l’ouverture d’une discussion collégiale dans toutes les académies sous l’égide des IPR, dont la synthèse permettra à l’Inspection générale d’élaborer un texte qui explicite les règles de formation des sujets.
Elle souhaite que les sujets de dissertation soient brefs, et portent directement et de façon identifiable sur une notion du programme ou interrogent une notion du programme à partir d’une autre notion figurant au programme.
Elle rappelle que les repères du programme ne peuvent en aucune façon être l’objet d’une question au baccalauréat.
Elle demande que les textes à expliquer soient de compréhension aisée : ils doivent pouvoir être l’objet d’une lecture immanente, en n’exigeant la connaissance d’aucun élément de doctrine. Elle demande également que leur progression logique et leur objet soient accessibles à un élève qui a travaillé.
Ladite spécialité « Humanités, littérature et philosophie » introduit sans discussions ni débats un bouleversement complet de l’enseignement de la philosophie. Ses concepteurs ne se sont jamais confrontés aux objections, et leur travail, resté secret jusqu’au bout, n’a tenu aucun compte des demandes des professeurs de philosophie.
L’APPEP déplore profondément cet état de fait.
Elle regrette que le programme d’HLP ne fasse pas clairement appel à une réflexion sur des notions, comme elle en avait fait la proposition, mais à des thèmes rapportés à des périodes historiques. Elle ne peut se satisfaire d’épreuves dont les attendus confus empêchent une évaluation rigoureuse du travail des élèves.
Elle constate que la spécialité « Humanités, littérature et philosophie » ne compense en aucune manière la disparition de l’enseignement approfondi rendu possible par la Terminale L. Il y a aujourd’hui près de 60 000 élèves en Terminale L et seulement 70 000 élèves de Première qui ont choisi HLP. Combien seront-ils en Terminale ? Cet effacement fragilise la philosophie dans le Secondaire et le Supérieur.
L’APPEP déplore la lourdeur des effectifs, peu propice à l’apprentissage de la réflexion philosophique.
Pour autant, parce que les services des professeurs dépendent de la présence d’HLP dans les lycées, l’APPEP exige que cette spécialité soit proposée dans tous les établissements préparant au baccalauréat général, et que des garanties soient données pour son maintien, de sorte que les services des professeurs ne soient pas chaque année remis en question.
Elle rappelle que cette spécialité est constituée de deux disciplines et que la parité horaire prévue par les textes en Première et en Terminale doit être respectée dans tous les établissements. Les professeurs de lettres et de philosophie doivent librement définir la nature de leur coopération. Celle-ci doit correspondre à un besoin pédagogique, et non répondre à une demande administrative. Un tel travail de coopération doit être rémunéré.
Elle invite tous les professeurs de philosophie qui subiraient des pressions de leur hiérarchie à saisir l’Inspection générale et à en informer l’APPEP.
L’APPEP demande que les attendus des épreuves soient clarifiés.
L’APPEP déplore que la réforme du lycée n’apporte aucun remède à la dégradation des conditions d’enseignement en voie technologique.
Elle exige que le dédoublement d’au moins une heure hebdomadaire dans les classes de cette filière soit garanti nationalement.
Elle demande que les questions de la dissertation aidée soient facultatives et dénonce le projet de réduire à deux le nombre de sujets proposés aux candidats.
Elle demande également une réévaluation du coefficient de l’épreuve de philosophie. Sa faiblesse conduit à diminuer aux yeux des élèves l’importance d’une discipline pourtant nécessaire à leur formation.
L’APPEP demande que soit enfin organisée une consultation des professeurs sur l’enseignement de la philosophie dans la voie technologique.
Les nouveaux programmes d’enseignement moral et civique (EMC) pour la Seconde et la Première sont entrés en vigueur depuis la rentrée 2019.
Le programme de Terminale entrera en application à la rentrée 2020. Le programme de Seconde s’articule autour de la notion de liberté, celui de Première autour de la notion de société, celui de Terminale autour de la notion de démocratie.
Depuis la création de cet enseignement, l’APPEP a montré que les professeurs de philosophie ont pleinement vocation à l’assurer en Terminale, mais aussi en Seconde et Première, ainsi que dans les INSPÉ.
Elle s’inquiète aujourd’hui de conditions d’enseignement qui s’annoncent très difficiles, telles que la disparition des demi-groupes, le risque d’annualisation, les pressions pour une interdisciplinarité artificielle…
L’APPEP rappelle que cet enseignement, présent du Cours préparatoire à la Terminale, n’est pas conçu comme la propriété d’une discipline, ni comme une variable d’ajustement dans la confection des services des professeurs.
Ainsi les élèves de lycée devraient-ils tous bénéficier d’une approche philosophique de l’EMC et, à travers elle, d’une réflexion d’ensemble, conceptuelle, critique et dialogique sur les notions au programme.
Dans cette perspective, l’APPEP lance à ses adhérents un appel à contribution, afin de compléter les ressources déjà publiées sur son site à destination des professeurs chargés de l’enseignement moral et civique. Chaque contribution peut être un article, un cours, une traduction, l’analyse ou la présentation d’un cas ou d’un exemple, d’un texte, ou même d’une anthologie thématique.
L’APPEP déplore l’effacement programmé de l’enseignement de DGEMC : réduit à un enseignement optionnel, comptant pour une infime fraction du baccalauréat, il ne sera qu’exceptionnellement choisi par un nombre suffisant d’élèves pour justifier son ouverture dans les lycées, qui devront de toute manière la financer sur leur marge d’autonomie. DGEMC est donc de fait placé en concurrence avec les autres enseignements optionnels, parmi lesquels « mathématiques complémentaires » et « mathématiques expertes » nécessaires pour certains choix d’études supérieures. Cet enseignement avait pourtant rencontré un grand succès dans les lycées où il a été implanté. La connaissance des grands principes et des notions élémentaires du droit revêt en effet une importance cruciale pour l’exercice de la citoyenneté.
Afin de maintenir un enseignement du droit au lycée qui s’adresse à tous et ne soit pas seulement une propédeutique à des études de droit, l’APPEP demande la création d’une spécialité droit/philosophie. Celle-ci offrirait aux élèves l’occasion de découvrir conjointement deux disciplines nouvelles, et clairement distinctes, qui s’enrichiraient mutuellement, et dont les programmes ont d’ores et déjà en commun nombre de notions.
L’APPEP déplore la précarisation croissante de la situation des professeurs de philosophie contractuels. Nombre d’entre eux n’ont pas été renouvelés alors même que certains sont en poste depuis des années. Elle s’inquiète d’une accentuation de cette tendance à la rentrée 2020, au moment où la réforme sera intégralement entrée en vigueur.
C’est pourquoi elle estime qu’il est plus que jamais nécessaire d’augmenter substantiellement le nombre de postes à des concours qui reconnaissent l’expérience spécifique des professeurs contractuels, et auxquels une préparation effective leur soit garantie.
En tout état de cause, l’APPEP demande que les conditions de travail des professeurs contractuels ne fassent pas obstacle aux missions qui leur sont confiées ; qu’ils bénéficient à leurs débuts du soutien d’un tuteur et d’une formation ; que des possibilités de titularisation leur soient ouvertes.
L’APPEP dénonce la précipitation du ministère dans l’élaboration et la mise en œuvre de la réforme du lycée et du baccalauréat, ainsi que son mépris de l’avis des professeurs.
Cette réforme désorganise d’ores et déjà les enseignements et les emplois du temps en Première ; elle fait disparaître la classe comme unité de l’enseignement scolaire, ce qui prive les élèves d’un cadre dont ils ont besoin, surtout s’ils sont fragiles ; enfin, elle soumet les élèves à une évaluation permanente et alourdit les effectifs.
L’APPEP dénonce la précipitation du ministère dans la mise en œuvre de cette réforme et son mépris de l’avis des professeurs.
L’introduction significative du contrôle continu et d’épreuves ponctuelles dont les sujets sont choisis par le chef d’établissement accentuera la dévalorisation du baccalauréat, par l’installation d’un « bac maison » et la fin d’un diplôme national anonyme et premier grade universitaire. Elle expose les professeurs à la pression des familles, des élèves et de la hiérarchie.
L’abandon, à la fin de la Première, d’une des trois spécialités, induit une logique de choix utilitariste dévalorisant le travail des élèves, déstabilise les services des professeurs et, en introduisant une concurrence calamiteuse entre les spécialités et les professeurs, dénature la relation pédagogique avec les élèves. L’APPEP demande donc le maintien de trois spécialités en Terminale.
La réforme impose également une logique concurrentielle entre les établissements, et induit en Terminale un calendrier déséquilibré et irréaliste qui risque de générer un absentéisme massif au troisième trimestre.
L’APPEP demande que la nature, les finalités et les attendus du « grand oral » soient précisés par le ministère, que cette épreuve porte sur des contenus disciplinaires, qu’il s’agisse d’enseignements communs ou de spécialité et que des heures soient prévues dans l’emploi du temps des professeurs et des élèves pour le préparer.
Enfin, le système opaque Parcoursup impose aux élèves une orientation prématurée et renforce les inégalités. Les lycéens sont en effet sommés, dès la Seconde, de définir leur parcours préparatoire au baccalauréat, non en raison de leurs goûts, comme le discours officiel le laisse croire, et de la nécessité de s’instruire, mais en fonction de choix d’études supérieures trop précoces et hors de portée de la plupart d’entre eux.
Avec une spécialité HLP dont l’existence en Terminale est rendue incertaine en raison de l’abandon d’une des trois spécialités par les élèves à la fin de la Première, et d’un enseignement d’EMC réduit à une demi-heure, la charge de travail des professeurs de philosophie va devenir insupportable. En effet, si jamais les divisions de tronc commun comportaient 35 élèves, un agrégé aurait en lycée général, au minimum, 140 lycéens à suivre, un certifié 175 et un contractuel beaucoup plus. Comment, dans ces conditions, les faire travailler réellement avec un nombre de devoirs appropriés et une correction conséquente ?
L’APPEP demande donc que les effectifs d’enseignement commun ne dépassent pas 30 élèves. Si ce seuil était dépassé, l’APPEP demande qu’une heure soit dédoublée.
Si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas seulement la profession qui serait rendue encore moins attractive, mais la scolarité des élèves qui serait gravement compromise.
L’APPEP juge inacceptables les projets de réforme des concours de recrutement des professeurs du primaire et du secondaire. Ils diminuent en effet sensiblement la place accordée à la maîtrise disciplinaire, et redéfinissent le métier des futurs professeurs.
Le coefficient de l’écrit sera inférieur à celui de l’oral.
Une seule épreuve, écrite, sur quatre au total, est chargée de contrôler explicitement l’acquisition des savoirs par le candidat.
Deux autres épreuves, l’une écrite l’autre orale, censées assurer la dimension professionnelle du concours, sont presque entièrement tournées vers l’accompagnement de l’élève. Le professeur devra animer une « construction » progressive de compétences détachées de l’acquisition des savoirs.
La dernière épreuve, enfin, exige un conformisme du comportement plutôt qu’une connaissance réfléchie des valeurs républicaines. Dans ces conditions, un professeur n’est plus un agent de l’État qualifié par son rapport aux savoirs, mais un employé « compétent » affirmant son allégeance à un employeur. La « professionnalité » recherchée est celle d’un adjoint de vie scolaire ou d’un technicien multitâche de l’enseignement.
Attachée à la valeur humaine, professionnelle et civique de l’instruction de tous les élèves, l’APPEP s’oppose à une telle dénaturation du métier.
La réforme de l’Inspection générale fait courir le risque d’une disparition des inspections disciplinaires.
Alors qu’un poids excessif tend à être donné à des décisions administratives prises à l’échelon local, l’APPEP affirme solennellement son attachement à un corps d’inspection disciplinaire compétent nationalement. Elle attend de lui qu’il veille aux conditions de l’enseignement, qu’il garantisse la liberté pédagogique des professeurs, et assure des affectations équitables et transparentes, notamment en CPGE.