L’Appep a été informée de plusieurs situations dans lesquelles l’enseignement de la spécialité « Humanités, Littérature et Philosophie » est entièrement dévolu à un professeur de lettres, alors même qu’un professeur de philosophie est présent pour y prendre sa part. Manifestement, ces pratiques inacceptables ne sont pas rares. Elles concernent des lycées publics comme des lycées privés.
Ces établissements se mettent dans l’illégalité. Leur décision contredit en effet les arrêtés du 17 janvier 2019 et du 10 janvier 2019 qui disposent : « Aucune [des] entrées [du programme] n’est spécifiquement “littéraire” ou ‘“philosophique”. Chacune d’entre elles se prête à une approche croisée, impliquant une concertation et une coopération effectives entre les professeurs en charge de cet enseignement qui doit être assuré à parts égales sur chaque année du cycle[1]. »
Ces établissements violent également les recommandations de l’inspection générale qui explicitent les arrêtés de la manière suivante : « Dès la classe de première, l’enseignement de spécialité “Humanités, Littérature et Philosophie” est partagé à parts égales entre professeurs de Lettres et professeurs de Philosophie. Les volumes horaires sont, respectivement, de deux fois deux heures en classe de première, et de deux fois trois heures en classe terminale. Cette répartition relève d’un cadrage national prévalant de manière systématique. La distribution des heures ne fait pas l’objet d’une négociation ou d’un ajustement local ; elle n’est pas une variable de gestion, mais elle est requise par la lettre comme par l’esprit du programme[2]. »
Les justifications organisationnelles alléguées par les établissements concernés sont par ailleurs irrecevables. Étant donné que l’organisation d’emplois du temps et la confection de postes pour une spécialité partagée est partout difficile, le contournement des textes officiels pour cette raison justifierait une généralisation de l’enseignement de la spécialité par un professeur unique. Il pourrait en résulter une perte considérable d’heures d’enseignement pour les professeurs de philosophie. C’est la place de l’enseignement de la philosophie qui est en jeu.
Dans un cas déterminé que l’Appep a suivi de près, l’IA-IPR de philosophie, appelé à l’aide par un professeur de philosophie démuni face à sa hiérarchie, a fait le choix d’entériner la situation, et cela en procédant d’une manière dont il est douteux qu’elle soit conforme aux obligations de soutien, d’évaluation et de conseil qui lui incombent. L’inspection générale, alertée dès l’année 2023-2024, s’est saisie de la situation afin de faire prévaloir à terme ses propres recommandations. La situation perdure cependant cette année. L’Appep n’a pas été informée d’une évolution de la situation et les choses semblent au point mort.
L’Appep attend du ministère, des rectorats et des corps d’inspection qu’ils mettent fin à ces pratiques contraires au droit. Adopter une position d’arbitre entre les directions fautives et les professeurs dépossédés reviendrait à légitimer en principe les prétextes aux dérogations et, par conséquent, à mettre en danger les postes de philosophie.
L’Appep attend en particulier de l’inspection pédagogique régionale qu’elle soit à l’écoute des professeurs et qu’elle fasse le point, conformément à ses devoirs, sur les situations contraires à la norme. Faire dépendre la défense de l’enseignement de la philosophie de rapports d’inspection ou de visite est une dénégation de sa mission de conseil, voire une grave mise en cause du statut des enseignants comme lauréats de concours.
L’Appep attend du groupe philosophie de l’inspection générale qu’il fasse preuve de plus de fermeté pour asseoir ses propres recommandations sur le terrain et auprès des diverses instances engagées dans ces questions : direction générale de l’enseignement scolaire, services rectoraux chargés de l’enseignement privé, secrétariat général de l’enseignement catholique, entre autres.
L’Appep invite l’ensemble des professeurs de philosophie informés ou victimes de telles situations à se rapprocher d’elle. Elle les assure de son entier soutien.
29 octobre 2024
[1] https://eduscol.education.fr/document/24328/download et https://eduscol.education.fr/document/24331/download
[2] https://eduscol.education.fr/document/24334/download